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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 12:54

Et hop je reviens à la surface du web, après une plongée silencieuse de quelques semaines... 


Le camion déchargé est reparti sur l'autoroute déserte. Les cartons sont défaits. Oh il en reste bien quelques uns, certains attendront même sans doute la prochaine campagne... 


Les allers-retour dans les magasins de bricolage se raréfient, de même que les coups de marteaux sur les doigts et les recherches agacées d'outils égarés.


Jamais si facile de retrouver de nouveaux repères dans chaque geste de la vie quotidienne, quand tant de choses changent, si loin, si proche pourtant. Dire qu'il y a des crétins pour envier les migrants et leurs coutumes échangées contre quelques sécurités improbables.


Etrangement c'est le virtuel qui reste stable : le numéro de portable, le mail et le blog.


Merci aux lecteurs pour leur patience pendant cette éclipse, donc.


BG

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 09:52

Comme en témoigne cette vidéo exclusive, la campagne des élections régionales en Ile de France relève enfin le niveau des débats politiques, ce qui devrait contribuer à rapprocher les citoyens de leurs représentants. Remercions-les avec respect.

On regarde, et on écoute :

 



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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 22:33


Autrefois, une vieille évidence chrétienne accordait la rédemption à celui qui a fauté mais s’est amendé avec sincérité. Aujourd’hui il y a belle lurette que la  République s’est dégagée de cette obligation religieuse, pour asseoir un principe simple et immuable : le citoyen qui a transgressé la Loi, et qui s’est acquitté de la sanction imposée par la Justice, est réputé avoir « payé sa dette », et ainsi est autorisé à reprendre sa place dans la société, dans l’exercice plein et entier de ses droits. Ce droit à l'erreur, à l'oubli, à une deuxième chance, est un des constituants essentiels du ciment social.

Il n’est pas besoin d’être grand philosophe pour imaginer que certains, pas tous peut-être, mais certains au moins de ceux qui ont laissé s’exprimer un jour leur propre déviance, puis l'ont maîtrisée après s’être cognés contre le mur rugueux du Droit, certains de ceux-là dis-je, ont sans doute un regard sur la vie, une maturité, un recul que n’auront jamais aucun béni-oui-oui ni aucun citoyen au parcours éternellement droit et sans embûche - sans même parler des politiciens de bonne famille qui ne connaissent de la vraie vie que les beaux quartiers, et de la République, que ses dorures.

En ce qui concerne M.Ali Soumaré, candidat aux élections régionales accusé par ses adversaires d’être « un multirécidiviste » il y a deux façons de lire sa volonté d’entrer en politique :


Soit il s’agit d’un loup qui cherche à entrer dans la bergerie (en clair, un bandit qui vient chercher aventure dans la chose publique) et auquel cas c’est à son parti de lui suggérer fermement un autre métier.


Soit il s’agit d’un homme qui a transgressé dans un passé lointain, et puis qui a regagné le droit de s’asseoir avec nous à la table de la République. Et dans ce cas, on doit au contraire s’enorgueillir de sa présence en politique et quelles que soient nos convictions personnelles, lui souhaiter sincèrement une carrière heureuse et constructive.

Notre héros national Victor Hugo ne disait pas autre chose quand il nous racontait l'histoire de Jean Valjean. Vous vous rappelez ? Il est peu surprenant, mais toujours bien triste de voir qu’il y a toujours des Javert pour tenter de briser ce genre d’espoirs.

En tous cas cette affaire éclaire étrangement les choix du parti au pouvoir : on prétend qu’un comportement aussi complexe que le suicide obéit à une base génétique, on veut ficher le comportement des enfants présumés futurs délinquants, on veut exclure toujours plus loin les malades mentaux, barrer toujours plus aux coupables de toutes sortes les routes de la réinsertion, on garde une trace de tout acte et de tout le monde (fichiers Edwige et ses remplaçants, fichage ADN extensif, vidéosurveillance, accès aux données informatiques…), sans parler du déni aux immigrants de toute légitimité sur le sol qui les accueille...

Tout cela n’est-il que pragmatisme et opportunisme électoral, comme nous le serinent les éditorialistes, ou bien y a-t-il une idéologie derrière ? Cette question est importante car de la réponse dépendent bien des conséquences pratiques : pourquoi financer des programmes de réinsertion, d’éducation, de soutien psychologique ou social, si les pauvres ont vocation irrémédiable et définitive à rester pauvres, les fous à devenir clochards violents et les délinquants, à s’éloigner toujours plus de la société ? Si l’on pense, si l'on affirme que l’être humain est prisonnier de sa destinée, de ses gènes, de son origine géographique et sociale, alors pourquoi donc irait-on tendre la main au plus faible, pourquoi respecter celui dont la trajectoire cahote au bord du chemin, pourquoi inviter à revenir celui qui part à la dérive ?

Sans attendre la réponse à cette angoissante question, Monsieur Soumaré, je fais le pari de vous souhaiter une belle carrière en politique, au delà du symbole que l’on essaie de vous coller sur les épaules.

 

 

Dr Bertrand Gilot

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 23:13

L'intersyndicat des psychiatres publics publie un communiqué de réaction à l'annonce d'une prochaine révision de la loi du 27 Juin 1990... à lire ICI ce texte synthétique présente une vision claire de la situation.

Claire, mais légitimement très angoissante.

Il faut dire, et redire, que ce genre de disposition ne peut que dégrader la qualité des soins et qu'il n'y a STRICTEMENT AUCUN bénéfice à en attendre sur le plan de la sécurité publique, contrairement à l'affichage qui en est fait (notamment parce que cela rendra plus difficile encore l'accès volontaire aux soins, qui n'est envisageable que si les patients ont l'idée d'une psychiatrie humaine et aussi chaleureuse que possible ! Mais quel ministre est au courant de cela en 2010 ? Mais quel média agitera cette vérité aussi bruyamment qu'un fait divers sordide ?).

Par contre cela ouvrira la voie à nombre d'abus et d'arbitraires dont il sera désormais particulièrement compliqué de se sortir.

Prudence donc.

BG
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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 12:28
reinsertion
(cliquer pour agrandir)

L'hospitalisation en psychiatrie sous contrainte est parfois nécessaire compte tenu des troubles mentaux présentés, pour la sécurité du patient et/ou celle des tiers. Cette privation de liberté pour des raisons de soins soulève régulièrement des questions et des indignations. Pas toujours dans le sens que l'on imagine...


Si la contrainte est d'usage courant, il faut d'abord rappeler que l'immense majorité des hospitalisations, que ce soit en hôpital psychiatrique ("HP" ou "CHS"), en service de psychiatrie à l'hôpital général ou en clinique privée, se fait sur le mode dit "hospitalisation libre" c'est à dire avec exactement les mêmes dispositions qu'en médecine ou en chirurgie.

Contrairement à la crainte répandue d'un "enfermement à vie" (tel ce qui se faisait au début du XXème siècle), l'évolution des pratiques de soin et la réduction du nombre de lits d'hospitalisation, conduit aujourd'hui à des séjours plus souvent trop courts, que trop longs. De plus une hospitalisation sous contrainte peut répondre à des situations très diverses, et se solde quelquefois par une sortie très rapide, une fois la crise initiale résolue.

La législation actuelle (loi du 27 juin 1990) permet la contrainte sous deux formes, applicables uniquement dans un établissement public :

- l'hospitalisation à la demande d'un tiers ("HDT"), la plus fréquente, visant surtout la protection du patient lui-même, est organisée sur des contingences essentiellement médicales (transports, règles administratives...).

- l'hospitalisation d'office ("HO") est décidée par le préfet, sur avis médical, dans des situations de danger pour autrui. Elle permet la mise en jeu de la force publique (police...) et revêt un caractère plus "administratif" et contraignant. Les sorties de l'établissement, même brèves, y sont strictement contrôlées.

Dans ces deux situations les sorties de l'établissement préalables à la levée de la contrainte (sortie définitive) sont absolument nécessaires car elles permettent d'évaluer les aptitudes et la manière d'être du patient dans son milieu habituel, mais aussi d'y maintenir les liens (sociaux, familiaux...) qui faciliteront sa réinsertion. Dans certains cas particuliers, la "sortie d'essai" peut être durable, permettant au patient d'intégrer la réalité d'un cadre de soin, même sorti de l'hôpital. Cela ne peut pas fonctionner sans rigueur ni responsabilité, mais pas non plus sans souplesse. Dans ce contexte, seuls une infime minorité de malades requièrent des séjours sous contrainte prolongés.

Il serait une nauséabonde régression éthique, et une erreur intellectuelle consternante (en plus d'un choix très coûteux...) d'imaginer que l'on pourrait garder hospitalisée indéfiniment toute personne ayant manifesté, un jour, une heure, un instant, un comportement "potentiellement" dangereux. Ainsi d'un schizophrène qui s'est montré agressif lors d'un symptôme délirant rapidement disparu sous traitement, d'un alcoolique qui se montre calme et adapté une fois sevré, ou d'un adolescent qui a présenté une crise destructrice lors d'une prise de drogue à son insu... On ne parlera même pas des erreurs - non exceptionnelles - d'orientation qui concernent des fêtards un peu trop excentriques, des clochards un peu trop râleurs, ou des couples qui se déchirent un peu trop fort sur la voie publique.

Le pouvoir exécutif actuel a déjà maintes fois manifesté, notamment à la suite de faits divers au demeurant choquants mais rarissimes, le souci de resserrer à l'extrême de ce qui est possible le contrôle et l'asservissement de l'outil de soin psychiatrique à l'autorité administrative. Dernier avatar de cet état d'esprit, disons, particulier, une circulaire récente vient mettre les préfets face à une intenable obligation de résultat, qui devrait les inciter à accorder de moins en moins de confiance aux médecins en charge des patients admis sous contrainte (voir liens ci-dessous). Autrefois invités par la l'esprit comme par la lettre de la loi de 1990, à se fier aux décisions médicales qu'ils ne faisaient que valider, les préfets sans formation ni compétence en ce domaine, se retrouvent  à présents comptables devant l'Etat de ce qui peut advenir lorsqu'un malade devra quitter l'hôpital et, Ô frisson suprême, exposer le monde aux risques de sa folie.

On retrouve l'insoutenable soupçon d'inconséquence et la légèreté d'application des principes républicains élémentaires, mais aussi l'ignorance scandaleuse - ou feinte ? - des réalités de toute pratique médicale. Il est une honte absolue d'y lire, cosignée par Madame la Ministre de la Santé, une exigence "d'éléments précis et objectifs". Depuis quand une discipline médicale, quelle qu'elle soit, a-t-elle les moyens de se prétendre "précise et objective" ? Madame la Ministre avait-elle fait la même demande de pronostic aux spécialistes de la grippe ?

Ce que l'on montre là n'est que le mépris de deux siècles de progrès  d'une réelle technicité professionnelle, riche de sa diversité d'idées et de précautions éthiques forgées durement au feu des dérives passées. On occulte au passage que les soignants en psychiatrie sont les premiers à avoir, et depuis longtemps, un intérêt direct, permanent et quotidien à ce que toute forme de violence soit toujours le mieux possible prévenue, évitée et si besoin, contenue.

Ce que l'on exhibe enfin jusqu'au ridicule, c'est, une nouvelle fois, une mesure qui se montrera contre-productive : désormais, quel patient vaguement instable osera-t-il pointer sa folie à la consultation, sachant ce qu'il risque ? Quel psychiatre osera-t-il faire entrer un jeune malade un peu turbulent dans un carcan aussi désespérant et injustifié de contrainte et d'exclusion ? En transformant cet outil thérapeutique, cadre hier utile et cohérent, en système agressif restreignant et malcommode, c'est l'Etat qui se révèlera dangereux pour les malades dangereux :
est-ce bien son rôle ? Et comment fera-t-on face aux conséquences déjà prévisibles sans guère de doute : augmentation des fugues d'un lieu de soin devenu oppressant car dénué de portes, augmentation des ruptures de soins face à des liens devenus menaçants, et hélas, probable explosion de toutes sortes de passages à l'acte. Prévoit-on déjà d'y répondre par de nouvelles restrictions de liberté ? Jusqu'où ? Par quelles pensées sont soutenus ces actes-là ? Si c'est la réduction des risques qui est bien l'objectif sincèrement visé, ce dont on peut douter de plus en plus, ce n'est certainement pas la destruction de la confiance qui y conduira.


Dr Bertrand GILOT

à lire pour en savoir plus :
http://www.mchiebelbaratopa.com/2010/02/psychiatrie-circulaire-du-11-janvier.html

http://www.lyon-communiques.com/communique.php?id=45454
et
http://www.collectifpsychiatrie.fr/spip.php?article105

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 22:42
Toutes les réféfences ici.

Une fois le délai de lecture publique gratuite expiré (encore une semaine !) je verrai si je peux mettre le texte entier sur le blog...

BG
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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 00:06

Bon alors voilà toute une corporation qui depuis des années, et face à des prédateurs les plus féroces, s'échine à défendre le subjectif-mais-réfléchi, l'empirique-mais-rigoureux, le non-évaluable-mais-pertinent, l'humain-souffrant-mais-debout (enfin, pas chez les analystes, mais c'est que le temps de la séance), et
voilà qu'en plein débat une bagnole déboule et écrase tout sous ses roues enduites de marketing !? Est-ce une énième attaque tordue de la sciento ? une pré-campagne masquée pour "fluidifier" les réformes à venir ? Une outrance agressive des chimiatres fondamentalistes ? Pour l'instant nul ne peut le dire...


Par chance, vu le prix auquel est vendu l'objet transitionnel en question, la concurrence ne devrait pas être trop rude pour les psys, d'autant qu'on n'a encore annoncé aucune prime à la casse pour les vieux modèles déglingués...

De fait, rares sont les patients qui ont renoncé à leur rendez-vous depuis la pose de cette affiche en bas de mon bureau. Mais je me demande  quand même si je ne devrais pas descendre péter ce panneau à coups de masse...



BG
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24 septembre 2009 4 24 /09 /septembre /2009 00:32


Le score vient d'être
publié, et même annoncé par un membre du gouvernement (N.Morano) : en 2008, en France, 156 femmes ont été assassinées par un mari violent.

On nous l'avait pourtant dit l'hiver dernier à la télé, le dangereux, c'est le fou ! Le malade, celui qui parle tout seul dans le hall de la gare, celui qui se lave heu... pas souvent, celui qui dit que la radio lui parle dans son ventre, celui qui s'est "échappé de l'asile", le forcément "dangereux" schizophrène ? Celui que les psychiatres "abrutissent avec des médicaments" ou bien "laissent trop facilement sortir dans la rue " (au choix...). Quel échec pour les fous, qui n'ont tué qu'une poignée de gens l'an dernier, certes de façon spectaculaire et relativement télégénique, pendant que les maris à la main leste  enlevaient à l'affection de notre pays l'équivalent d'un Airbus de passagères... au chaud... en silence... à domicile et sans ordonnance, sans caméra, sans président de la république.

Dans ce cas précis je ne m'insurgerai pas forcément contre l'éventualité du bracelet de géolocalisation pour les coupables (avant le meutre, si possible, on est bien d'accord) pouvant peut-être atténuer le sentiment de toute puissance qu'ont bien souvent développé ces hommes à force d'intimidation sans réponse, de menaces efficaces et d'autocensure prudente de l'entourage. Il est donc plus que temps que les autorités s'intéressent au phénomène. Il est aussi plus que temps aussi que, face à elles-mêmes, dans leur miroir, les victimes, je veux dire les encore vivantes, prennent leur destin en main.

Que de fois l'on entend encore cette phrase étrange, seuls le savent peut-être ceux qui les soignent : "appeler la police ? oh non, tout de même pas, docteur...".

BG

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 10:01


L'interview de la sociologue Danièle Linhart dans Le Monde daté du 9/09/2009 appelle une réflexion sur les méthodes de management encore largement employées actuellement en entreprise mais aussi, qu'on ne se méprennent pas, et avec la même violence, dans la fonction publique. Je parle de violence d'emblée, car comment qualifier autrement cette volonté délibérée et organisée de "créer de l'instabilité permanente" ou, comme le décrit cette chercheuse, "en comptant sur le narcissime des salariés" pour accomplir une tâche qu'on ne leur donne volontairement pas les moyens d'accomplir.

Le narcissisme que l'on peut plus ou moins traduire par amour de soi, c'est l'indispensable libido (énergie amoureuse, affectueuse) orientée vers soi-même, c'est une force vitale sans laquelle notre carcasse peinerait à accomplir la moindre action. On vit parce qu'on s'aime, on agit parce qu'on s'aime, ainsi on communique et se lie aux autres, ainsi on se distrait, on explore... et on travaillle. Les candidats au suicide rescapés mettent presque toujours en avant le désamour d'eux-mêmes, l'arrêt du moteur intérieur qui comme la pompe cardiaque dans le corps maintient la vie, la tension vers un avenir possible. Hors ses excès - on aura l'occasion d'en causer ici - le narcissisme est donc une force universelle. En témoigne au passage l'état de stress post-traumatique (ou ESTP ou PTSD), qui contrairement à ce qui a longtemps été proclamé peut affecter tout un chacun, et non pas une vague sous-classe de gens "fragiles" : les militaires le savent bien, quand près de 100 % des soldats qui ont participé à l'enfouissement de charniers au Rwanda ont souffert d'état de stress post-traumatiques (confrontation à la réalité de la mort, attaque du narcissisme par remise en cause de la certitude inconsciente de notre immortalité, cf. les écrits de François Lebigot, Claude Barrois...). Attaquer précisément ce point de l'individu, par l'humiliation, la dévalorisation, la mise en échec sans échappatoire possible, la régression de carrière injustifiée, etc, est une faute criminelle. Bien sûr tout salarié maltraité ne se suicide pas (heureusement...). Mais qui peut affirmer avoir la force de résister à l'infini face une collectivité organisée avec comme but précis de vous foutre soit dehors, soit à plat? Facile sans doute de rebondir, se libérer, se convaincre qu'on a seul raison face à un chef et des collègues au regard condescendant, et aller voir ailleurs si on y est. Moins facile peut-être, si l'on a en même temps à faire face à un enfant malade, un divorce sur le feu, un parent Alzheimer, ou simplement quand on a 56 ans et trente ans dans "la boîte" et une expertise dans un domaine et un seul... Le cas de cette brillante sous-directrice du machin-chose dans un groupe prestigieux du CAC40, venue récemment consulter avec déjà un genou à terre, a fini de me convaincre que non, il n'y a pas que de braves techniciens quinquagénaires (lire dans l'imaginaire parisiano-classe-moyenno-bien pensant : "analphabète aux mains calleuses") qui soient exposés à ce risque-là.

Pour revenir au management proprement dit, les militaires savent bien également que confier des moyens insuffisants pour une mission donnée fait augmenter considérablement le "stress opérationnel" et qu'en temps de guerre ou d'urgence, cela conduit à des catastrophes, des décisions absurdes ou dangereuses, un sentiment de culpabilité face à l'échec prévisible puis accompli, et que cela dévaste des régiments entiers. Il n'est que de prendre au hasard n'importe quel récit sur les combats de 1914-1918 pour se persuader des effets  mortels de cette logique prise comme règle extensive de commandement (voir à ce sujet l'édifiant "Le gâchis des généraux", de Pierre Miquel).

Le plus intéressant - et inquiétant, aussi - reste de voir comment des directeurs de toutes envergures, des cadres supérieurs, moyens et inférieurs, des grands et petits contremaîtres, ces êtres humains avec un nom, un prénom, une identité, une culture, une citoyenneté, peuvent continuer à transmettre jour après jour un venin aussi toxique à leurs semblables, et rentrer chez eux le soir avec le sentiment replet du travail bien fait, et des ordres bien exécutés. Ca me rappelle quelque chose, mais quoi déjà... ?

Bertrand Gilot 

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 21:26
Suite à une erreur informatique indépendante de notre volonté, le texte du Mercredi 1er Avril a été publié avec un an et demi d’avance. Merci à la sagacité de notre fidèle lecteur M.Ramirez, de Perpignan (66), d’avoir su remarquer cette anomalie ! Avec toutes les excuses de l’auteur…



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